Samedi 3 novembre, l’Arras Film a accueilli la comédienne et réalisatrice Judith Davis. Venue présenter son film « Tout ce qu’il me reste de la révolution« , elle signe une comédie remarquable.
Amateurs de nouveaux talents, lisez attentivement ! Nous allons vous parler de l’un de nos coups de cœur en ce début de festival. Judith Davis et sa troupe de théâtre -L’avantage du doute- se lancent au cinéma et le résultats est plus que saisissant. Pourtant, il n’est pas simple de passer des planches au grand écran. Challenge accepté (et relevé) pour Judith Davis qui s’en sort avec une comédie brillante sur le militantisme politique au 21ème siècle.
Le pitch ? Angèle est une jeune architecte qui se rêve en grande révolutionnaire. Ayant grandi avec des parents maoïste et soixante-huitards , la jeune femme aspire à la révolution. Mais à l’heure de l’individualisme et des starts up, les vieilles révoltes d’hier paraissent bien ternes face aux aspirations d’aujourd’hui. Ce n’est pourtant pas cela qui va faire reculer notre protagoniste qui continue sa lutte pour bousculer un monde qui, lui, refuse de changer. Nous suivons alors les péripéties d’Angèle qui fait face aux désillusions de son entourage. Au programme ? Pétage de plombs, engueulade familiale et remise en question.

A travers des scènes qui oscillent toujours entre humour et questionnements, Davis pointe du doigt un capitalisme sauvage, se moque de la quête incessante de profits, et soulève de nombreuses questions sociétales. Tout en dépeignant avec justesse les conflits familiaux et les confrontations avec autrui en général, Judith Davis plonge son personnage dans une quête de soi. Comment exister ? Comment vivre en alliant convictions et vie de tous les jours ? La réalisatrice rit de tout. Elle taquine, titille et confronte également les anciens. Ceux pour qui « c’était mieux avant », ceux qui ont lutté pour une révolution qui n’est jamais arrivée, ceux qui couraient après un idéal et qui ont plié face à la modernité. Judith et Angèle font voix commune pour dire que non les jeunes générations ne sont pas résignées, elles aussi espèrent et rêvent de réinventer le militantisme.

Et c’est un succès pour la jeune réalisatrice qui a su conquérir le Casino. Présente pour le traditionnel jeu de questions réponses, elle s’est confiée sur les ambitions et les aspirations de son film.
« Comme Angèle, je viens d’une famille assez militante, pour moi la politique est liée à notre intime. J’avais envie de travailler sur ce point. Je voulais également montrer un dilemme qui , pour moi, est de plus en plus important. C’est celui d’essayer d’allier ses convictions avec le monde d’aujourd’hui. » précise la réalisatrice. Lorsqu’un spectateur l’interroge sur le craquage émotionnel de certains de ses personnages (on ne vous en dira pas plus), elle ajoute : « Évidemment que certains craquent, cela arrive dans la vie de tous les jours d’ailleurs. On ne devient pas obsédé par les résultats, obsédé par le travail et l’argent dès qu’on atteint l’age de 25 ans. On le devient. Les gens s’adaptent, font des compromis, font taire leurs consciences. Ils se conforment. Alors ils craquent et après ils sont libérés, c’est cathartique. »
La liberté, c’est une thématique centrale de l’œuvre de Judith Davis. Tout ce qu’il me reste de la révolution sort dans les salle le 6 février. Alors, surtout n’hésitez pas à retrouver les personnages barrés du collectif de l’avantage du doute. Et qui sait, peut être vous aurez, vous aussi, envie de réinventer le monde avec eux.
Par Elisa Debray