Agnieszka Warchulska dans “Back home”: une mère victime et coupable

Cette année, la catégorie « VISIONS DE L’EST » nous a offert Back Home. Réalisé par Magdalena Lazarkiewicz,  le film nous dépeint le portrait d’Urszula, une jeune femme qui essaie de fuir sa famille conservatrice et croyante. Agnieszka Warchulska qui interprète la mère d’Urzsula a accepté de répondre à nos questions.

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Vous jouez la mère, comment la définiriez-vous ?

D’une certaine manière, elle est victime du système, elle appartient à une communauté très conservatrice et catholique. Elle aime ses enfants mais elle ne sait pas comment l’exprimer. Sa relation avec la communauté est plus forte que son amour pour ses enfants, elle est à la fois une mère toxique et une victime car elle n’est pas une psychopathe, elle ne sait pas comment se comporter et aider sa fille, elle est du genre «Que diront les voisins».

Le vrai problème est-il la société ?

C’est l’histoire d’une famille que nous racontons mais cette famille a une façon de penser très typique d’une petite ville de notre pays. Personnellement, je ne peux pas imaginer comment on peut traiter ses enfants de cette manière mais, en Pologne, il existe encore des communautés que nous appelons le «mur de l’est», où les gens sont encore très catholique et conservateurs, où ils accordent plus d’importance à ce que les gens diront plutôt que ce qu’il pensent d’eux-mêmes.

Urzula, votre fille dans le film, est dépeinte comme un ange au début ; le restera-t-elle jusqu’à la fin ?

C’est une question intéressante… Elle essaie de s’échapper de la famille et nous ne savons pas si elle réussira un jour. Elle a été très blessée et violée, nous ne savons pas comment elle se comportera après tout cela.

Y a-t-il une place aujourd’hui en Pologne pour ces jeunes filles ?

J’espère qu’il y en a. Magdalena a voulu montrer cette forte oppression car il y a beaucoup de situations tristes où les jeunes ne savent pas où aller avec leur problème, ils sont entourés de personnes qui ne savent pas les aider, c’est pourquoi beaucoup d’adolescents se suicident parce qu’ils ne savent pas à qui parler de leurs problèmes.

Était-ce difficile pour vous de jouer ce rôle?

Oui, je suis maman de deux fils et je fais des erreurs, mais j’essaie d’être une bonne mère autant que possible. Je ne peux pas imaginer que certaines personnes puissent traiter leurs propres enfants de cette façon. Je la comprends, j’essayais de ne pas la juger, mais en tant que mère, c’était vraiment difficile. Nous jouions avec un petit garçon sur le plateau et il était terrifié lorsque nous avons tourné une scène dans laquelle je frappe ma fille ; nous devions garder sa réaction naturelle donc nous ne lui disions pas ce qui allait se passer, et voir la première réaction de ce petit garçon m’a brisé le cœur ! Mais nous lui avons bien sûr expliqué par la suite, ainsi qu’un psychologue.

Que pensez-vous du rôle du père dans le film ? Est-il faible ?

Oui, il est faible, mais il essaie également de faire de son mieux pour traiter cette affaire et protéger sa famille. Il a prétendu que tout allait bien pendant toutes ces années…

Pensez-vous que le film représente la Pologne actuelle ou est-il une caricature ?

Nous voulions simplement raconter l’histoire d’une telle communauté et de ses problèmes mais dans les petites villes du pays, il reste un impact religieux et conservateur. Je pense que malheureusement ce genre d’histoire se produit trop souvent.

Quels sont vos projets pour la suite ? 

Le film est présenté encore en cette fin de semaine à Arras et le sera en Pologne à partir de mi-novembre, mais je retourne en Pologne car je suis surtout une actrice de théâtre, j’y joue en ce moment « Le songe d’une nuit d’été ».

Margaux Desmaziere