Arras Film Festival 2019 : La dernière vie de Simon : le retour du merveilleux dans le cinéma français.

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Il existe des films qui dégagent d’emblée une aura particulière. De par leur affiche, ou de par la promesse qu’ils renferment. La dernière vie de Simon est de ceux-là.

Peut-être est-ce aussi l’aura de l’équipe du film, qui s’avance sur la scène sans prétention, pleine de bonnes intentions et de bienveillance, pour nous faire part de l’honneur qu’ils ont d’être à Arras, et nous souhaiter un bon visionnage. Toujours est-il que le public est vivant face à ce film, le public ressent ce film et est porté par lui. Car La dernière vie de Simon a ce don d’éveiller toute une palette de sentiments et d’émotions chez le spectateur, de titiller son imaginaire. Ce qui est là tout le but de Léo Karmann et de sa coscénariste Sabrina B.Karine : réhabiliter le cinéma de conte, le cinéma des grandes histoires qui faisaient rêver lorsque nous étions enfants bien qu’entre temps, nous soyons devenus adultes.

La réhabilitation du conte dans le paysage du cinéma français

L’histoire commence avec Simon, un enfant de 8 ans, orphelin, et doté d’un pouvoir extraordinaire : il est capable de prendre l’apparence de n’importe quelle personne qu’il  touche. Un jour, lors d’une sortie organisée par le foyer pour enfant où il vit, il fait la rencontre de Madeleine et Thomas, deux enfants qui vont devenir ses “frères de sang”. Cette rencontre va lui offrir la possibilité d’obtenir ce dont il a toujours rêvé : une famille.

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De cette histoire naît d’abord une représentation de l’enfance sans fausse note. Tant dans les dialogues que dans les intentions ou le jeu des acteurs… Rien n’est surjoué, tout semble relever d’une joyeuse naïveté enfantine. Rien ne paraît être de trop car nous sommes directement plongés dans un univers magnifié et aux accents fantasmagoriques. Dès la scène d’ouverture, le ton est donné: lumière clignotantes aux couleurs changeantes et fête foraine. Il y a quelque chose de magique qui flotte dans l’air. Et les lumières, quelles qu’en soient les sources, vont apporter cette touche onirique tout au long du film. C’est d’ailleurs un choix du réalisateur Léo Karmann, qui souhaitait de la “lumière sensée”, c’est-à-dire une lumière qui ait du sens, qui participe à renforcer l’émotion et à, quelque part, “déréaliser” le film. L’image sert alors de filtre qui transforme le vraisemblable et le logique en conte.

Mais rétablir l’imaginaire, l’enfance et le conte dans le cinéma n’est pas sans poser problème au sein d’une industrie codifiée et bien huilée.

L’émotion comme fil conducteur

Ce style de cinéma ne “se fait pas en France” assène-t-on longtemps à Léo Karmann. La recherche de producteurs et de distributeurs est donc longue et difficile car ce film bouscule les codes. Il est guidé et porté par les personnages et leurs émotions mises au premier plan, ce qui lui permet de transcender les différents genres : fantastique, dramatique, romantique, policier…sans pour autant  tomber dans la caricature de l’un d’eux. Le seul credo était de faire un film qui prend aux tripes, un film qui met le cerveau en veille pour parler au cœur et remuer le ventre. Un film qui nécessite de reprendre une respiration en sortant de la salle obscure, pour s’extirper de la bulle dans laquelle il nous a enveloppés. Finalement, lorsqu’on lui pose la question, le réalisateur résout sans trop de mal cette problématique du genre car pour lui le film est une histoire d’amour sur fond de merveilleux. Ce merveilleux qui n’est “pas vraiment un genre, c’est le merveilleux fantastique qui n’est pas gore ou violent ». Du merveilleux, de cette richesse déroutante ne résulte qu’une vague d’émotions brut. Des émotions qui nous emportent intensément dans cette histoire incarnée à merveille à l’écran par le trio de tête Benjamin Voisin, Martin Karmann et Camille Claris. Et qui nous laisse avec une envie profonde de découvrir ce que, de son côté, Léo Karmann nous réserve pour la suite.

En attendant, il vous faudra déjà contenir votre curiosité jusqu’en février 2020 si vous n’avez pas eu la chance de voir ce film au Arras Film Festival !

 

Agathe Lévêque


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