Arras Film Festival 2019 : « Gloria Mundi », retour sur le débat, avec Grégoire Leprince-Ringuet

« Gloria Mundi », c’est le nouveau film de Daniel Guédiguian. Diffusé en avant-première au Arras Festival Film, ce film aborde la douloureuse question économique du monde actuel. Sur fond de pauvreté, les rapports sociaux et familiaux s’entremêlent. Pas même la naissance de la petite Gloria, vue comme une bénédiction, ne saura calmer la détresse de cette famille recomposée.

Pour ce film, Pascal Guédiguian a repris le trio gagnant avec lequel il a l’habitude de tourner : Ariane Ascaride, Gérard Mélan et Jean-Pierre Darroussin. Grégoire Leprince-Ringuet et Lola Naymark complètent l’affiche. Ces deux derniers devaient être présents pour un débriefing après la projection du film, mais seul Grégoire Leprince-Ringuet avait fait le déplacement.

Retour sur ce débat entre les spectateurs et l’acteur :

Grégoire Leprince-Ringuet interprète Bruno, un homme avide qui s’enrichit sur le dos des plus pauvres. Un rôle qu’il n’a pas toujours incarné dans d’autres films :

« Je jouais le gentil mais le gentil absolu dans L’histoire des fous, c’est un type qui se fait casser la jambe par une bombe, c’est la victime absolue et il est hyper gentil, il essaie de pardonner, il est hyper généreux. Et là, c’est l’inverse total… J’ai joué un voyou dans Les neiges du Kilimandjaro. J’ai été amené à jouer avec lui différents rôles qui m’ont rarement été donnés ailleurs ».

Bruno est un personnage très dur mais aussi violent : « Mon boulot c’était de faire qu’on y croit à ce personnage et de le rendre séduisant, qu’on puisse croire que ce type ment à tout le monde et que tout le monde y croie. Souvent, les grands manipulateurs, les grands menteurs, c’est aussi les grands séducteurs. Ils apparaissent sympathiques. Il fallait pour ce personnage faire croire qu’on est sympa »

A en juger par le rôle qu’incarnent les acteurs, le public est d’accord pour dire que « le film est très noir et très réaliste, ce sont vraiment des pauvres qui exploitent les pauvres et on entre dans un cercle vicieux ». « C’est un film pessimiste » confirme Grégoire « Il y a plusieurs veines chez Guédiguian. Il y a une veine de la fantaisie, il a fait des films assez drôles, des films méridionaux qui chantaient la sympathie de Marseille et des films plus tristes un peu comme Ken Loach, et je crois que ce film là appartient à cette mouvance ».

Le film a en effet été tourné dans « la belle ville de Marseille » selon Bernard et Denis, deux cinéphiles venus voir le film : « Les images sont très belles ». Idée confirmée mais nuancée par l’acteur : « C’est la Méditerranée, c’est très beau… j’ai appris à connaitre ces lieux avec les Guédiguian, avec cette équipe-là. Mais parfois, les lieux sont d’une violence impressionnante : il y a un quartier à Marseille qui est le plus pauvre d’Europe »

Si ce film permet de comprendre et retransmettre le dur quotidien de personnes pauvres, il laisse entendre un signe d’espoir, également : « Ce n’est pas un film sur l’oppression du pouvoir. D’une certaine manière, ça responsabilise les gens. Moi, mon personnage c’est un petit patron d’une PME, il a quelques personnes sous ses ordres mais il est responsable à son échelle. Ce n’est pas un film si pessimiste, parce que ça dit : « les gens sont responsable à notre échelle », si vous êtes un salaud, vous l’êtes à votre échelle. Bien sûr, la société vous y encourage mais quand même, vous êtes responsables vous, y a moyen d’être un type bien tout le temps »

On arrive aussi à avoir une certaine empathie pour les personnages : Est-ce cela la « recette d’une bonne histoire » comme le dit Grégoire ? « C’est une histoire où chacun a ses raisons. Moi, ça me fait cet effet là quand je vais au cinéma et que je trouve le film bien, c’est ce que je me dis, ce n’est pas manichéen, tout le monde a un peu raison, on comprend pourquoi les gens font ça, c’est aussi compliqué que dans la vie, ce n’est jamais aussi tranché, aussi net. Après, le film est une affaire de trahison, ce sont des gens qui refusent de s’entraider et, par lâcheté, par ambition ou par inconscience, on arrive à devenir très égoïste. Mais psychologiquement, ils ont tous leur raison. Et c’est en ça que je trouve que le film est plutôt réussi, c’est qu’il donne la parole à tout le monde ».

N’est-ce pas finalement un hymne à la solidarité ?  « Ce que dit le film, c’est que vraiment, quand on est tout seul, on est mal. On est toujours plus heureux même pour soi, quand on est avec les autres, quand on s’intéresse aux autres, quand il y a de l’entraide. On est toujours une meilleure personne quand on est avec les autres. Je crois que le film enseigne ça. »

En tout cas, le public adhère à ce film qui a fait salle comble. Un des spectateurs précise : « Arianne Ascaride a eu un prix à la Mostra de Venise, bon c’est très bien, mais, ce qui me gêne, c’est qu’on a tous envie de vous récompenser. Je vous trouve extraordinaire ».

Un film à aller voir dès le 27 novembre dans les salles obscures.

Manon MODICOM


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