Cette 20ème édition de l’Arras Film Festival se termine déjà et l’heure d’en faire le bilan arrive à grand pas… Focus sur une semaine pleine d’émotions tournée vers l’amitié.
« Comédie », « avant-premières », « drame », « cinémas du monde », « peur sur les sixties »… autant d’expressions entendues pour parler de cette 20ème édition de l’Arras Film Festival. Et pourtant l’une d’entre elles manque à l’appel : l’amitié. Il suffit de s’intéresser à l’intégralité de la programmation du festival pour découvrir ce qui semble être le thème surprise ou caché de cette semaine tant il est présent quotidiennement lors des projections. Un échantillon.
« Le meilleur reste à venir », de Matthieu Delaporte, Alexandre De La Patellière
Ce vendredi 15 au soir, « Le meilleur reste à venir » en avant-première, est apparu comme LE film sur l’amitié. Toutes les situations du scénario ont été pensées comme des illustrations, des aléas d’une amitié d’enfance. Fabrice Lucchini et Patrick Bruel, respectivement Arthur et César, sont chacun persuadés que l’autre est gravement malade et décident alors de rattraper le temps perdu. Une comédie subtile qui débouche sur des situations tantôt hilarantes, tantôt tragiques. Un véritable ascenseur émotionnel porté sur une amitié pure entre deux individus aux antipodes l’un de l’autre. Le spectateur se retrouve transporté dans leur amitié tel un membre du duo.
« Jojo Rabbit », de Taika Waititi
Comment justifier l’omniprésence de l’amitié sans évoquer l’une des révélations du festival ? Mission impossible tant cette problématique est capitale dans le scénario. « Jojo Rabbit » est l’histoire de Jojo. Un petit garçon allemand issu des jeunesses hitlériennes, lors de la Seconde Guerre mondiale, et qui se découvre un ami imaginaire pas comme les autres puisqu’il s’agit d’Adolf Hitler. Ainsi se crée une amitié fantasmée entre Jojo et son idole, qui est bien différent de la vision traditionnelle du dictateur… Peu à peu, un retour à la réalité de Jojo va lui permettre d’évacuer cette amitié loufoque pour être remplacée par une amitié bien plus durable et pourtant bien plus dangereuse.
« Docteur ? », de Tristan Séguéla
Dans le genre amitié inattendue, il faut inclure « Docteur ? ». L’histoire folle d’un médecin de garde en fin de carrière et quelque peu controversé parce qu’adepte de l’alcool pendant les gardes et souvent couvert par ses collègues, incarné par un Michel Blanc impeccable de vérité, qui, durant la nuit de Noël, se retrouve dans une situation bien délicate. Il se voit obligé de faire confiance à un jeune livreur Uber Eats pour réaliser ses consultations à domicile… Ce dernier ayant pour simple qualification un brevet de premiers secours. Une situation incroyable et séduisante qui donne envie que cette nuit ne s’arrête jamais tant les deux compères se découvrent complices et proches…
« Where is Hendrix ? », de Marios Piperides
Cette amitié-ci est encore plus loufoque que les autres… Yiannis, endetté jusqu’à l’os, souhaite quitter Chypre qui connait une crise financière avec son compagnon de toujours : Jimy, son chien. Ils sont à trois jours du grand départ lorsque Jimy s’échappe pendant une promenade et s’enfonce dans les quartiers turcs de la ville… Après recherche, Yiannis retrouve son chien mais se voit confronté à un problème majeur : interdiction pour un animal de franchir la frontière depuis le côté turc… S’engage ainsi une aventure atypique pour tenter par tous les moyens possibles et imaginables de réintroduire le chien en terre grecque. Cette relation prend ici une autre teinte que les précédentes, l’amitié homme-animal est une évidence, spontanée, sincère. Elle amènera le protagoniste à prendre tous les risques, y compris celui de sa propre vie, pour sauver son chien.
Alors ? Quels rapports entre un enfant des jeunesses hitlériennes, un homme qui veut sauver son chien, un médecin, un livreur et deux vieux potes d’enfance ? L’amitié déclinée sous toutes ses formes, l’amitié mise à rude épreuve, l’amitié qui triomphe ? En tout cas l’amitié qui fait rire, l’amitié qui fait pleurer, l’amitié qui fait grandir, l’amitié…au ciné.
Tristan Vanuxem