
Quelques heures avant la délibération du jury Atlas dont elle fait partie, Joséphine Japy nous a confié ses impressions sur son expérience en tant que membre du jury et sur la sélection des films en compétition pour la vingtième édition du Arras Film Festival.
Est-ce la première fois que vous êtes membre du jury ?
Je crois, oui. En fait, on m’a proposé de le faire plein de fois mais j’ai refusé jusqu’à présent. J’ai toujours eu du mal à accepter un jury à la base, surtout quand j’étais plus jeune. C’est parfois compliqué d’aller juger le travail des autres alors que l’on vient de commencer. Je ne sentais peut-être pas la légitimité de le faire. On m’a proposé lorsque j’avais 17 ans, aujourd’hui j’en ai 25. J’ai l’impression d’avoir plus de maturité maintenant.
Comment vous a-t-on proposé de rejoindre le jury Atlas cette année ?
C’est Thierry Klifa, le président du jury Atlas, qui a construit son jury. Il m’avait déjà appelée pour faire partie d’un jury mais je ne pouvais pas. C’est un rôle qui prend du temps et les dates ne correspondaient pas avec mon emploi du temps. J’étais un peu frustrée. Là, c’était l’occasion de le faire. C’est vraiment agréable parce qu’on s’entend tous bien.
Comment se déroule vos journées sur le festival ?
On voit trois films par jour : un premier le matin, on va déjeuner puis on regarde souvent deux films l’après-midi. Le soir on fait un peu la fête. C’est un rythme intense mais agréable.
Regardez-vous les films en séances publiques ou en projections spéciales ?
A moins de ne pas pouvoir voir un film en particulier, on participe à des séances en public. Cela nous permet d’observer les réactions dans la salle mais c’est d’autant plus intéressant qu’il y a un prix du public. Je trouve que c’est un peu le Graal. Nous, on est cinq personnes avec des sensibilités différentes et un rapport différent à l’univers du cinéma. Le prix du public est hyper fort pour contrebalancer cette tâche. C’est important d’avoir aussi un retour du public.
Que pensez-vous de la sélection ?
Il y a des thématiques qui reviennent entre les films, notamment celle de la religion, de la question d’hérédité et de ce qui se passe entre le monde des vivants et la mort. Je ne m’attendais pas à voir cela. C’est assez intéressant, surtout que ce sont des films étrangers que l’on n’a pas l’occasion de voir en France car ils ne sont, pour la plupart, pas distribués.

Sur quels critères choisissez-vous les lauréats ?
Ce n’est pas comme une correction de devoir d’étudiant où il y a une grille et on voit si le réalisateur a été bon sur l’orthographe, sur la structure. Evidemment, il y a certains critères comme la mise en scène, comment l’histoire est développée. Mais ce ne sont pas des objectifs. Une mise en scène peut plaire à quelqu’un et pas du tout à un autre. C’est à la fois assez fantastique et compliqué car si on nous avait mis seul, chacun devant la sélection, on n’aurait pas fait le même palmarès à la fin. Or là, il va falloir qu’on se mette d’accord. On a deux chances, deux prix à remettre. C’est un challenge mais en même temps c’est super de réfléchir, de parfois devoir faire des concessions pour se mettre d’accord.
Est-ce que vous préférez présenter un film ou être membre du jury ?
C’est tellement différent ! Quand on présente un film, on rentre dans un gouffre de stress parce qu’on se demande si le public va aimer alors que quand on est jury, on est seulement dans la réception. On se met dans un siège et on attend de se prendre une claque à l’écran. Je ne pourrais pas choisir entre les deux. Etre membre du jury est une expérience que j’ai adorée et je pense que c’est complémentaire du travail de comédien. C’est important de voir des films, de réfléchir à ce que l’on a aimé, moins aimé et d’aller s’inspirer du cinéma des autres.
Quels sont vos futurs projets ?
J’ai un prochain film qui doit sortir et qui s’appelle « L’échappée », dans lequel j’ai le rôle principal avec Nekfeu. Et là, je pars sur un autre tournage qui est une adaptation d’Eugénie Grandet de Balzac, réalisée par Marc Dugain, avec Olivier Gourmet qui joue mon père.
Propos recueillis par Flavie Kazmierczak