Arras Film Festival 2020 : Les ciné-concerts confinés de Jacques Cambra

Dans cette édition confinée et reportée de l’Arras Film, Jacques Cambra, musicien partenaire du festival nous propose cette année des ciné-concerts à regarder depuis chez nous. Nous avons voulu en savoir plus sur ce projet inédit et pour cela nous avons poser des question au créateur du projet.

Les ciné-concerts c’est quoi ?

Originaire du cinéma muet, cela consistait à jouer de la musique durant la diffusion d’un film pour rajouter de l’action et faire partager des émotions. Après l’arrivée du son, cette pratique est devenue de moins en moins répandue, et presque inutile. Pour autant, elle est sauvegardée et peut être toujours utilisée de nos jours notamment dans des évènement spéciaux tel que l’Arras film festival.

Pour en apprendre plus sur ces ciné-concerts, quoi de mieux que d’interviewer son créateur, Jacques Cambra :

Qui êtes-vous ? Quand avez-vous commencé la musique ?

Je m’appelle Jacques Cambra, j’ai 53 ans et je fais de la musique depuis 50 ans, sans rigoler ahah, depuis tout petit en fait. Il y avait un piano à la maison et je n’ai jamais arrêté ensuite. J’ai fait des études de musique avec différentes formations pour devenir pianiste. Il y a 20 ans, puis j’ai commencé à accompagner sur le cinéma muet. C’est un réel approfondissement pour moi.

Par la suite, j’ai commencé à donner des formations par petit groupe allant de 2 à 15 personnes.

Depuis quand travaillez-vous sur l’Arras Film Festival et comment c’est arrivé ?

Je travaille sur l’Arras Film Festival depuis 2004 grâce à une rencontre avec Eric Miot (le délégué général de l’Arras Film) et Nadia Paschetto (la directrice) sur un ciné concert programmé de Charley Chase de Leo McCarey. (Agence dans le développement du cinéma).

J’ai fait ma 1ère collaboration avec l’Arras Film Festival avec « Metropolis » de Fritz Lang en 2004. (Doublé à St Pol-Sur-Ternoise au cinéma le Régency au Festival Hors les Murs.) Et ce que j’aime c’est les différentes thématiques variées de l’Arras Film Festival. Le fait que les cinés-concerts fassent partis du Festival, c’est ce qui m’a beaucoup plu.

Quels sont vos meilleurs souvenirs avec l’Arras Film Festival ?

Il y en a tellement… Tout d’abord, ma première rencontre avec Eric Miot et Nadia Paschetto, c’est là où ça a commencé. Après, il y a la fois où j’ai accompagné sur « J’accuse » d’Abel Gance en 2014. La première collaboration avec le conservatoire d’Arras en 2012 m’a beaucoup marquée. Et enfin, en 2014, il y a eu le Centenaire de la Grande Guerre avec « Maudite Soit la Guerre ». J’ai réunit des musiciens de 4 pays différents. Des belges, des anglais, des allemands et donc des français). C’était un concert européen pour cette commémoration, incroyable. Cela fait beaucoup de projets réalisés, mais en seize années, ça s’additionne !

Le festival c’est de la création, quand on y travaille et réfléchis pour l’édition, des idées futures surgissent pour les prochaines éditions.

J’adore accompagner les films, notamment avec « Monte-Cristo », un film de 3h40 de Henri Fescourt (1929). C’était totalement différent des court-métrages.

Mon travail n’est jamais répétitif, il y a beaucoup d’improvisation, j’adore mon jeu de musicien quand il s’accompagne du public.

Pouvez-vous nous parler des ciné-concerts en ligne pour l’édition 2020 de l’Arras Film Festival ?

Nous avons travaillé afin d’avoir un rendu, une forme originale. C’était une proposition d’Eric Miot et Nadia, ils m’ont contacté vers le 11 septembre, début octobre à peu près, pour me partager leur idée. Ils voulaient continuer l’état d’esprit du festival et faire un rétro perspectif, une résonance avec les anciennes éditions.

J’ai travaillé sur 8 films répartis en 4 programmes. On était très attaché à l’idée de formaliser un ciné-concert. Une équipe de tournage est venue filmer, pour donner la sensation réelle du ciné-concert. En plus, les images sont bien reliées à la musique. On ne voulait pas une sensation du direct. Nous avons utilisé la technique de surimpression, un procédé photographique du 19ème siècle, utilisé vers 1890-1899, qui est le langage du cinéma. Le décalage de photo que nous avons opté est un procédé qui a permis un rendu naturel, très saisissant.

Pour terminer nous avons une dernière question pour vous : avez-vous rencontré des problèmes ?

Il n’y a pas eu de problèmes en particulier.

Les avis reçus des ciné-concerts sont très intéressants à propos des choix des films.

La difficulté était de ne pas trop réduire les films.

J’ai eu 10 jours pour travailler sur l’ensemble des films dont 3 en profondeur. Ces films sont différents, j’ai donc du réfléchir à des identités musicales pour chacun des films. La musique c’est comme un assaisonnement. Elle doit donc être différente et représentative à chaque fois. Je travaille sur différents aspects : l’harmonie, le rythme et la mélodie. Ce travail est un travail d’aller-retour où j’y mets une grande part d’improvisation. C’est donc très intense et à la fois très passionnant. Quand je joue, je garde de la fraîcheur, quelque chose qui se mélange. Les ciné-concerts en ligne, ce n’est pas pareil que le direct, comme il n’y a pas le public, c’est beaucoup plus cérébrale pour le musicien.

C’était plaisant pour moi de savoir qu’un projet allait enfin aboutir. Ce qui n’était pas le cas pour moi depuis mars à cause de la crise sanitaire. Même si c’était une ambiance très solitaire, j’ai vécu une expérience enrichissante.

Je ne travaille jamais de la même manière, mon travaille est évolutif. Quand je pars d’un film, l‘inspiration peut venir immédiatement et après, cela peut être difficile à enregistrer. Parfois, je suis tendu quand je joue, être musicien ce n’est pas mathématique.

Des ciné-concerts diffusés sur la chaîne YouTube de l’Arras Film Festival, du 9 au 30 décembre pour pouvoir s’occuper pendant les fêtes.

Le premier qui est disponible depuis le 9 décembre, repose sur la thématique des voyages dans l’espace, pendant plus de 20 minutes vous pouvez visionner un film muet de l’époque, accompagné au piano par Jacques Cambra.

Le 1er ciné-concert confiné de cette édition de l’Arras Film Festival.

Le deuxième épisode de cette série de ciné-concert, qui pour ce deuxième numéro est basé sur la thématique des « sales gosses » est déjà disponible avec notamment un passage de Koko le clown, célèbre personnage de Max Fleischer.

Le 2ème ciné-concert de cette édition spéciale est également disponible.

Ces ciné-concerts diffusés sur YouTube ont quand même réussi à séduire quelques centaines de spectateurs sur la chaîne de l’Arras film. Cela montre un certain engouement pour le festival qui n’a pas eu lieu cette année. Les cinéphiles sont-ils désireux de la future ouverture des cinémas ? En tout cas ces films confinés nous prouvent que l’Arras film festival a encore de beaux jours devant lui.

En cette année spéciale, la fermeture des cinémas n’est pas un avantage pour l’Arras Film Festival. Mais celui-ci ne se laisse pas abattre et continu de faire vibrer son public. Malgré l’absence du public, Eric Miot et Nadia Paschetto accompagnés de Jacques Cambra continuent l’histoire du festival arrageois.

N’oubliez pas les deux prochains rendez-vous des ciné-concerts, les informations sont disponibles sur :

jacquescambra.fr

Zoé VERNET et Cyril BINET


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