Cette année le festival rend hommage à Claude Lelouch, invité d’honneur. A l’occasion de la sorti de son cinquentième film L’Amour c’est mieux que la vie le 19 janvier prochain au cinéma, le réalisateur est présent pour clôturer l’édition du festival.
La dernière visite de Claude Lelouch remonte à 10 ans, alors qu’il était président du jury Atlas, la compétition européenne. Aujourd’hui il revient en tant qu’invité d’honneur. Pendant toute la semaine, trois de ses films ont été projetés, avec le documentaire Tourner pour vivre de Philippe Azoulay qui l’a suivi durant les trois tournages.
Claude vous revenez au Festival, 10 ans après avoir été Président du jury Atlas. C’est une émotion particulière ?
La nostalgie a pas mal de charme. J’ai gardé un bon souvenir d’Arras, si ça n’avait pas été le cas je ne serais pas revenu. A l’époque, j’ai passé un moment délicieux. Je me suis dit que l’on pourrait alors prolonger ce moment. Je suis très heureux de venir présenter ce soir à Arras mon dernier film. Enfin mon dernier … Mais c’est vrai que je me rapproche de la fin.
Et puis je m’aperçois que ce festival résiste au Covid, à la folie du temps qui passe. On a besoin aujourd’hui de ramener les gens dans les salles de cinéma. Et pour ça il n’y a rien de mieux que les festivals de cinéma. La salle de cinéma est le seul endroit où l’on peut voir un film.
Il faut que les gens arrêtent d’aller sur les plateformes pour voir des grands films en tout petit.
« C’est très difficile de faire un film pour le grand public, et, en même temps, il n’y a rien de plus beau. »
La spécificité d’Arras est aussi de permettre aux réalisateurs, acteurs de rencontrer leur public !
Vous savez le public a toujours raison, même quand il a tord. On fait des films pour lui. A chaque fois qu’un de mes films n’a pas rencontré le public j’ai été malheureux, à chaque foi que l’on peut parler avec le public on apprend des choses.
On peut peut-être, d’un film à l’autre, corriger notre égoïsme car c’est vrai que dès que l’on fait un film on le fait surtout pour soi alors qu’il faut le faire pour les autres. Le public est un mélange de genres, il y a des gens très cultivés, d’autres qui sont plus simples.
« Je n’aime pas trop les anniversaires parce que ce sont de petits enterrements. »
Certains ne sont pas assez savants pour résonner de travers. C’est très difficile de faire un film pour le grand public et en même temps il n’y a rien de plus beau, plus merveilleux car on fait une synthèse formidable entre des hommes et des femmes très différents les uns des autres. Si on arrive à trouver le point commun entre des gens très différents, ça vaut vraiment le coup.
C’est votre 50e film que vous présentez ce soir, ça vous fait quelque chose ?
Je n’aime pas trop les anniversaires parce que ce sont de petits enterrements. Quand on fait un 50e film on sait que l’on en a fait plus qu’il n’en reste à faire donc je me rapproche de la ligne d’arrivée. Mais j’essaie d’y aller en chantant.
Pour l’instant j’arrive à faire des films comme j’ai envie de les faire donc tant que mon cerveau, mon physique marchera je ferais comme Woody Allen, Clint Eastwood, ces grands metteurs en scène qui vont mourir en faisant des films, comme Molière sur scène.
Propos recueillis par Thomas Palmier
Crédit photo : Mina Quéau