Samedi 13 novembre, Cécile Ducrocq présentait son premier long-métrage dans le cadre du Arras Film Festival. Une femme du monde retrace le parcours touchant d’une mère prostituée, prête à tout pour payer les études de son fils. Laure Calamy, impeccable dans le rôle principal, éblouit par son jeu juste. C’est la deuxième fois que la réalisatrice et l’actrice césarisée collaborent ensemble.
Marie déambule dans les rues de Strasbourg vêtue de son imperméable doré. Ses talons claquent sur les pavés mouillés des trottoirs. Marie est prostituée. Depuis quelques semaines, elle enchaine les clients. Elle doit engranger le plus d’argent possible : son fils, pour qui elle donnerait tout, veut intégrer une grande école de cuisine au tarif exorbitant.
Le portrait d’une mère
Ce qui transparait le plus dans ce premier film, c’est l’amour que Marie porte pour son fils. Comme le dit si bien la réalisatrice lors de l’avant-première, ce film « transpire l’amour ». Pourtant, les deux protagonistes ne se disent jamais « je t’aime ». Pas besoin de le dire, tout ce que Marie fait le dit. Le point de départ de cette histoire selon la réalisatrice c’est une rencontre avec une prostituée de Saint-Denis : « Elle avait une photo de son fils au-dessus de son lit et je me suis demandée comment elle faisait. En réalité, elle a les mêmes problématiques que n’importe quelle mère. » La rencontre entre Laure Calamy et le jeune Nissim Renard fait des étincelles, leur complicité et leur cohésion est soudaine, sans complexe et pourtant si belle.

Marie ne recule devant rien pour son fils. Cécile Ducrocq explique : « Elle refuse le déterminisme social. On la regarde mal mais elle est bien partout, elle n’est pas impressionnée » Cette femme qui se veut du monde mais qui est considérée comme une demi-mondaine, elle ne se défile pas. Elle est tout en mouvement, tout en paillettes et en couleurs vives. Le jeu de Laure Calamy, parfois pétillant, parfois bouleversant, parvient à nous faire passer du rire aux larmes en un instant de secondes.
Plongée au cœur du monde de la prostitution
Si c’est d’abord l’histoire d’une mère et de son fils, le film de Cécile Ducrocq permet de comprendre les rouages du plus vieux métier du monde. Une prostituée paie des impôts, mais elle ne possède pas de Sécurité Sociale. Il est très compliqué pour elle d’avoir des revenus stables, surtout lorsque les clients sont pénalisés. Un métier de plus en plus précaire, d’autant plus que les travailleuses indépendantes sont concurrencées par celles gérées par des proxénètes. Le quotidien d’une prostituée est décrit finement, tout comme les scènes de sexe, toutes interprétées par Laure Calamy, sans aucune doublure. Elle dit d’ailleurs à ce propos : « J’ai aimé raconter ce champ de bataille et ce champ d’amour qu’est le travail de Marie. »

« Une femme du monde » de Cécile Ducrocq, à voir en salles dès le 8 décembre prochain.